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Poutine pour 1000 ans

Quoi de pire pour lancer un blog, que de commencer par un article ultra partial sur un sujet clivant ? Rien, à part ce qui l’est. Voilà une belle application de la stratégie de l’échec.

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Aujourd’hui nous parlons d’un livre également partial, celui de Michel Eltchaninoff, Dans la tête de Vladimir Poutine, paru en 2022 chez Actes Sud.

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La quatrième de couverture promet que nous arriverons à la conclusion que Vladimir Poutine est en train de perdre son âme et la Russie tout entière.

A la lecture du livre, c’est le contraire qui saute aux yeux. La partialité de Michel Eltchaninoff est risible et ce qu’il dénonce chez Vladimir Poutine est tout ce qui fait qu’on l’aime.

Cependant, ce livre est une réussite, car il permet de mieux comprendre le président de la fédération de Russie, ce qui était l’objectif de l’auteur et bravo à lui, même si cette aide nous amène à aimer Poutine plutôt plus que moins.

Par exemple, la soviétophilie de Vladimir Poutine nous a toujours parue odieuse, que cela soit la ré-érection de statues de Lénine, ou les références à la dénazification par l’armée rouge. Mais ce que le livre de Michel Eltchaninoff met en lumière, c’est qu’il faut comprendre cet aspect comme un refus du président russe de nier l’héritage d’une victoire glorieuse contre l’empire allemand et la libération des peuples d’Europe de la barbarie nazie. On peut trouver ce récit enfantin mais il est en totale adéquation avec l’Histoire enseignée en Occident, où le nazisme et Adolf Hitler sont considérés comme le summum de l’ignominie et Lucifer en personne. Voici l’une des nombreuses citations de Vladimir Poutine qui permettent de comprendre cette apparente soviétophilie : « Celui qui ne regrette pas la destruction de l’Union soviétique n’a pas de cœur. Et celui qui veut sa reconstruction à l’identique n’a pas de tête. » ou encore « Staline, bien sûr, est un dictateur. Il n’y a aucun doute là-dessus. (…) Le problème est que c’est précisément sous sa direction que le pays a gagné la Seconde Guerre mondiale. Cette victoire est largement liée à son nom. Et ignorer cette circonstance serait stupide. » Pour bien comprendre cela, il faut comprendre qu’il s’agit d’un chef d’Etat russe qui s’adresse aux Russes, pas d’un chroniqueur anorexique à la voix fluette sur cette chose absolument artificielle et glauque qu’est un plateau de télévision français. Et le livre de Michel Eltchaninoff, volontairement ou non, nous permet de comprendre cette volonté politique finalement assez banale qui consiste à accepter tout l'héritage russe et pas seulement à trier ce qui est intéressant ou pas.

Cependant, au-delà de la compréhension de cet aspect le moins appréciable de Vladimir Poutine pour nous, Michel Eltchaninoff présente la doctrine de Vladimir Poutine en la dénonçant, mais c’est là que nous approuvons et apprécions le plus le président russe.

En effet, lorsque l’auteur reproche à Vladimir Poutine de citer et de faire lire à ses hauts fonctionnaires des penseurs « conservateurs », « réactionnaires », « nationalistes », « anticommunistes », et que l’auteur dénonce ces penseurs en prenant « les lumières » comme la plus haute des vertus morales, alors non seulement nous rions du parti-pris de Michel Eltchaninoff, mais nous comprenons d’autant mieux notre intérêt pour le président russe.

Ce livre anti-Poutine reste un travail honnête et appréciable malgré ce parti-pris de l’auteur et, comme nous l’avons écrit plus haut, nous ne nous sommes pas retenus de rire de ce parti-pris au cours de notre lecture, et notamment lors de cet incommensurable sommet de mauvaise foi page 173 : « (…) l’intervention des forces armées russe en Syrie en 2015 (…) a permis à Bachar al-Assad, au prix de près de 400 000 morts et de millions de déplacés, de garder le pouvoir à Damas (…) ». Pour rappel, si les Russes sont intervenus auprès de leur alliés syrien, c'est pour protéger le pouvoir légal d’une bande de terroristes islamistes – Daesch – et ils ont ainsi très largement contribué à la déroute de ce groupe armé que les Etats-Unis d’Amérique, entre autres, nous présentaient comme une menace pour vingt ou trente ans dont il serait difficile voire impossible de venir à bout. Oui, désolé monsieur Eltchaninoff, Vladimir Poutine n’a pas laissé le terrorisme abattre le régime légal en Syrie… et le fait que vous déploriez cet état de fait est assez révélateur d'un prisme pro-occidental poussé jusqu’à la parodie.

Bref, malgré le parti-pris de l’auteur, mais écrire sans parti-pris c’est pire que pisser froid, nous avons affaire à un livre agréable, intéressant et enrichissant, merci !

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